mardi 18 septembre 2012

A l interieur des murailles de Silves (Algarve)



 
Après avoir franchi l’entrée du château de Silves, on peut avoir accès au chemin de ronde qui suit le long de la muraille.
Tout le long, on trouve des ouvertures longues et étroites qui permettaient aux défenseurs d’attaquer les assaillants tout en étant protégés. Plusieurs tours peuvent être visitées et on admire leurs murs épais et millénaires.

 
De là on a des points de vue  intéressants sur la ville aux maisons blanches et sur les collines environnantes. 
On se dit les seigneurs et les poètes qui habitaient la capitale de l’ancien royaume de l’Algarve contemplaient le même panorama il y a plus de mille ans. 
Ou peut-être que les paysages étaient à l’époque plus verdoyants que ceux de ces photos prises en plein mois d’août ! Car les civilisations arabes de la péninsule ibérique étaient renommées pour la qualité de leurs jardins et vergers, qu’on disait être de véritables havres de fraicheur et de paix.


Construit au VIIIe siècle, le château de Silves couronne cette ville du sud du Portugal; et le rouge foncé du grès de ses murailles est aperçu par les visiteurs à plusieurs détours du chemin.



On dit qu’il y aurait une pré-fortification au temps des romains et des wisigoths, mais ce qui domine c’est un beau monument militaire de l’époque islamique et l’ensemble est bien conservé.


Il est temps de regarder l’espace à l’intérieur des murailles pour y découvrir les ruines des zones d’habitations que le passage des siècles a réduites à leur emplacement et fondations.

L’entrée d’un palais, résidence d’un seigneur des lieux, est marquée par le « postiche » blanc d’un pan de mur. 
La ville a eu des années de gloire du point de vue culturel, et politique ; par ici il y avait le « taïfa » de l’Algarve et puis celui de Silves, royaumes indépendants de 1027 à 1063, liés d’abord à la ville de Cordoue, puis à Seville après cette brève période d’autonomie  http://pt.wikipedia.org/wiki/Taifa_de_Silves.


Plusieurs espaces recréent des jardins pour rappeler ceux qui embellissaient sans doute la zone résidentielle du château.
Le toit de la citerne et l'escalier d'accès à gauche
Puis à l’intérieur des murailles de Silves, on visite la grande citerne soutenu par des voûtes et des colonnes, au crépi blanc. Un escalier latéral nous garantit l’accès à ses profondeurs. 


Il est écrit que la citerne pouvait contenir 1.300.000 litres d'eau. Dans l'enceinte des murailles, on trouve encore un autre puit qui pourrait être relié à la rivière qui coule au bas de la ville.


Alors on se souvient que les anciens habitants de lieux étaient maîtres dans la technique d’emmagasiner l’eau pour la population, les fontaines et les jardins. 



Dans son exil au Maroc, où il vint à mourir, le grand poète arabe Al-Mu'Tamid écrivait à son ami :
"Eh ! Abu Bakr, salue mes amis de Silves
et demande leur si, comme je le pense, ils se souviennent encore de moi.
Salue le Palais des Vérandas, de la part d'un homme jeune qui ressent une perpétuelle nostalgie de ce château.
Là habitaient des guerriers feroces comme des lions et des blanches gazelles, 
en de si belles savanes et en de si belles tannières! 
Combien de nuits je me divertis dans leur pénombre en compagnie de femmes aux anches opulentes et à la taille fine.
Des filles blanches et brunes produisaient dans mon âme l'effet d'épées luisantes et de lances noires!
Combien de nuits j'ai passées délicieusement auprès d'une crique de la rivière, avec une demoiselle dont le bracelet rivalisait avec le courbe du courant! 
Elle passait le temps me versant le vin de son regard, parfois celui de son corps, et d'autres fois celui de sa bouche.
Lorsque les cordes de son luth étaient pincées par le plectre, je frémissais, comme en écoutant la mélodie des épées sur les tendous du cou de l'ennemi.
En retirant son manteau, elle dévoilait les formes graciles, branche de saule florissant, comme un bouton qui s'ouvre pour montrer la fleur"
 
le poème "evocação de Silves" 
C'est ma traduction approximative du poème du grand poète arabe (qui habitait à Silves quand le Portugal n'était pas encore une nation) qu'on peut lire à l'entrée du château de Silves! J'espère que vous aimerez. 

vendredi 7 septembre 2012

L Unesco a inscrit le fado




Une rue du centre de Lisbonne

En 2011, l’Unesco a inscrit le fado au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. 

C’était à Bali, en Indonésie, le 27 Novembre 2011, et ce fut une bonne nouvelle pour le Portugal.

Le fado est un chant typique du Portugal. On lui attribue des origines lointaines : les lamentations des esclaves, la nostalgie des exilés loin de la patrie, la tristesse du départ, le respect des traditions, la mélancolie des grandes distances, l’impuissance devant les mauvais coups du destin…Car le mot fado veut aussi dire destin, avec quelques nuances de fatalité.

A Lisbonne l’organisation s’est réjouie et a fêté la décision de l'Unesco en écoutant des chansons:



Enviado por camaralisboa em 28/11/2011

Les portugais reconnaissent volontiers beaucoup de chapitres de l’histoire du pays dans ce genre musical, ou alors c’est le genre musical qui s’inspire des évènements les plus marquants de la vie.
Mais surtout dans le fado, on associe la musique et la poésie. Les paroles doivent transporter les sensations. La guitare classique et surtout la guitare portugaise sont les deux instruments indissociables du fado.


Le musée du fado à Lisbonne

On dit aussi que le fado est le chant des émotions. On fait appel à toute la gamme des sentiments et des états d’âme, la joie, le chagrin, l’absence, l’attente, mais plus particulièrement l’amour. Là encore la liste est longue : car l’amour peut être inconditionnel, ou infidèle, il procure la joie ou le désespoir, on utilise la séduction  et l’envoûtement. On chante les relations amoureuses fragiles ou les aspirations pour une vie meilleure.

On dit aussi qu’un bon fado doit donner des frissons et la chair de poule ! Le chanteur ou la chanteuse généralement chante seul, mais accompagné par les guitares, et doit interpréter un genre de tragédie dans la joie ou la tristesse.   

Veuillez me pardonner pour cet essai de traduction approximative de la chanson chantée par Mariza ; je ne suis pas une traductrice professionnelle, c’est seulement pour aider ceux qui ne comprennent pas le portugais à mieux « sentir » ce fado (Oh gente da minha terra),

Voici toute la sensibilité du fado chanté par la chanteuse portugaise Mariza qui elle-même s'émotionne, avec le lien suivant:

À moi et à vous ce fado
Destin qui nous amarre
Bien que cela soit nié
Aux cordes d’une guitare


Si on entend la plainte                                                                                                                                                                               D’une guitare qui chante 
On est rapidement perdu
Ayant envie de pleurer

Oh gens de mon pays
Ce n’est que maintenant que j’ai compris
Que cette tristesse que je porte en moi
C’est de vous que je l’ai reçue

Cela semblerait de la tendresse
Si je me laissais bercer
Serait plus grande l’amertume
Moins triste ma façon de chanter

Oh gens de mon pays
Ce n'est que maintenant que j’ai compris
Que cette tristesse que je porte en moi
C’est de vous que je l’ai reçue



samedi 1 septembre 2012

Le voyage des orgues vers le Bresil



Il y eut un temps où les orgues voyageaient à dos d’animal. En faisant quelques recherches, je suis tombée sur ce phénomène.
Par tradition, les portugais utilisent encore quelques instruments de musique typiques. On voit beaucoup les joueurs d’accordéon dans les petites fêtes. Pas mal d’autres instruments se font entendre lors des spectacles des groupes folkloriques. Et puis n’oublions pas les guitares portugaises qui accompagnent les fados.
Mais pour ce qui est de cette petite histoire, nous retournons aux siècles du baroque. C’est l’art de l’ostentation ; on transmet les émotions et dans les églises les prières, en créant des chefs d’œuvre de la décoration.
Suivant le courant de la Contre-Reforme, le Portugal a adopté le baroque très rapidement et l’a aussi diffusé « à grande échelle » dans ses colonies, surtout au XVIIe siècle.
L’artisanat portugais était riche en fabricants d’instruments à musique de toutes sortes. Parmi eux, plusieurs fabricants d’orgues renommés, comme António Xavier Machado e Cerveira, Joaquim António Peres Fontanes, João da Cunha et d’autres (XVIe et XVIIe siècle) 
L’orgue était l’instrument qui donnait aux messes encore plus d’enchantement et aux églises baroques plus de grandeur et de majesté.
D’abord je dois dire ou plutôt écrire, que de la même façon que les brésiliens viennent de temps en temps à la recherche de leurs racines et de leurs ancêtres au Portugal, les portugais peuvent faire la même chose en y allant de l’autre côté de l’Atlantique

Je me permets de citer le link d’un site qui donnent des information intéressantes sur le sujet (en portugais):
qui montre plusieurs documents gardés dans les archives de la période du XVIe au XVIIIe siècle où il est question des commandes d’orgues des évêques de diocèses du Bresil qui écrivaient aux rois du Portugal.
Les rois du Portugal favorisaient l’installation des ordres religieux et la construction de couvents, de monastères et d’églises baroques dans les colonies, pour la propagation de la foi, le prestige et la séduction des peuples.  
Plusieurs orgues ont ainsi prit la mer jusqu’à Rio de Janeiro. 


En bleu,  la direction de la ville de Mariana
En rouge, la direction de la ville de Tiradentes






L’orgue (Arp Schnitger)de la ville de Mariana , à Minas Gerais,  état du Brésil, a été fabriqué en Allemagne, suite à une commande du Portugal. Après quelques années, le roi portugais D. João V l’envoya en donation à l’évêque de Mariana où il arriva en 1750, après avoir fait la traversée de l'Atlantique depuis le Portugal jusqu'à Rio de Janeiro dans les caravelles.
Du Rio de Janeiro, l'orgue a été transporté en pièces, pendant les quelques 400 kms qui séparent cette ville de la ville de Mariana.
Link pour voir la cathédrale baroque de Mariana:

Órgão Arp Schnitger da Catedral da Sé de Mariana.
Publié par nitroimagens - Publicado a 08/07/2010
L'orgue de la cathedrale de la ville de Mariana (Brésil)
Enviado por nitroimagens em 08/07/2010

Un autre exemple:
Dans la ville de Tiradentes, un autre orgue a été commandé au roi du Portugal, comme explique la journaliste, que l'orgue a été construit au Portugal dans la ville de Porto:

Órgão de tubos/pipe organ da Matriz de Tiradentes-MG - Brazil
Publié par belorizontim
A bord des navires portugais, l’orgue de Tiradentes a parcouru l’Atlantique. Arrivé au Rio de Janeiro, il a fallu lui faire traverser les montagnes à dos d’animal, jusqu’à la ville de Tiradentes distante du Rio de quelques 300 kms.