Après avoir franchi l’entrée du château de Silves, on peut avoir accès au
chemin de ronde qui suit le long de la muraille.
Tout le long, on
trouve des ouvertures longues et étroites qui permettaient aux défenseurs d’attaquer
les assaillants tout en étant protégés. Plusieurs tours peuvent être visitées
et on admire leurs murs épais et millénaires.
De là on a des points de vue
intéressants sur la ville aux maisons blanches et sur les collines
environnantes.
On se dit les seigneurs et les poètes qui habitaient la capitale
de l’ancien royaume de l’Algarve contemplaient le même panorama il y a plus de
mille ans.
Ou peut-être que les paysages étaient à l’époque plus verdoyants que
ceux de ces photos prises en plein mois d’août ! Car les civilisations
arabes de la péninsule ibérique étaient renommées pour la qualité de leurs
jardins et vergers, qu’on disait être de véritables havres de fraicheur et de
paix.
Construit au VIIIe siècle, le château de Silves couronne cette ville du sud du Portugal; et le rouge foncé du grès de ses murailles est aperçu par les visiteurs à plusieurs détours du chemin.
On dit qu’il y
aurait une pré-fortification au temps des romains et des wisigoths, mais ce qui
domine c’est un beau monument militaire de l’époque islamique et l’ensemble est
bien conservé.
Il est temps de
regarder l’espace à l’intérieur des murailles pour y découvrir les ruines des
zones d’habitations que le passage des siècles a réduites à leur emplacement et
fondations.
L’entrée d’un
palais, résidence d’un seigneur des lieux, est marquée par le « postiche »
blanc d’un pan de mur.
La ville a eu des
années de gloire du point de vue culturel, et politique ; par ici il y
avait le « taïfa » de l’Algarve et puis celui de Silves, royaumes indépendants
de 1027 à 1063, liés d’abord à la ville de Cordoue, puis à Seville après cette
brève période d’autonomie http://pt.wikipedia.org/wiki/Taifa_de_Silves.
Plusieurs espaces
recréent des jardins pour rappeler ceux qui embellissaient sans doute la zone
résidentielle du château.
Puis à l’intérieur
des murailles de Silves, on visite la grande citerne soutenu par des voûtes et
des colonnes, au crépi blanc. Un escalier latéral nous garantit l’accès à ses
profondeurs.
Alors on se souvient que les anciens habitants de lieux étaient maîtres dans la technique d’emmagasiner l’eau pour la population, les fontaines et les jardins.
Le toit de la citerne et l'escalier d'accès à gauche |
Il est écrit que la citerne pouvait contenir 1.300.000 litres d'eau. Dans l'enceinte des murailles, on trouve encore un autre puit qui pourrait être relié à la rivière qui coule au bas de la ville.
Alors on se souvient que les anciens habitants de lieux étaient maîtres dans la technique d’emmagasiner l’eau pour la population, les fontaines et les jardins.
Dans son exil au
Maroc, où il vint à mourir, le grand poète arabe Al-Mu'Tamid écrivait à son
ami :
"Eh ! Abu
Bakr, salue mes amis de Silves
et demande leur si, comme je le pense, ils se souviennent encore de moi.
Salue le Palais
des Vérandas, de la part d'un homme jeune qui ressent une perpétuelle nostalgie de ce château.
Là habitaient des guerriers feroces comme des lions et des blanches gazelles,
en de si belles savanes et en de si belles tannières!
Combien de nuits je me divertis dans leur pénombre en compagnie de femmes aux anches opulentes et à la taille fine.
Des filles blanches et brunes produisaient dans mon âme l'effet d'épées luisantes et de lances noires!
Combien de nuits j'ai passées délicieusement auprès d'une crique de la rivière, avec une demoiselle dont le bracelet rivalisait avec le courbe du courant!
Elle passait le temps me versant le vin de son regard, parfois celui de son corps, et d'autres fois celui de sa bouche.
Lorsque les cordes de son luth étaient pincées par le plectre, je frémissais, comme en écoutant la mélodie des épées sur les tendous du cou de l'ennemi.
En retirant son manteau, elle dévoilait les formes graciles, branche de saule florissant, comme un bouton qui s'ouvre pour montrer la fleur"
le poème "evocação de Silves"
C'est ma traduction approximative du poème du grand poète arabe (qui habitait à Silves quand le Portugal n'était pas encore une nation) qu'on peut lire à l'entrée du château de Silves! J'espère que vous aimerez.