Les média nous informent que le premier ministre portugais a téléphoné à Madame Dilma Rousseff pour la féliciter pour la victoire de son élection comme présidente du Brésil, en ce dimanche 31 octobre 2010. Dilma se trouve à la tête d’un géant économique dont la superficie est 95 plus vaste que le Portugal !
En parlant du Brésil, il me vient à l’esprit le nom de Jorge Amado (1912 – 2001) un autre géant mais cette fois de la littérature brésilienne.
Jorge Amado est né en 1912 dans le sud de la province brésilienne de Bahia. Après quelques années passées dans un internat de prêtres jésuites, il partit pour le Rio de Janeiro pour y étudier le droit.
Sous la dictature de Getúlio Vargas, il trouve dans les idéologies marxistes les bases pour sa lutte de militant du parti communiste alors interdit au Brésil. Sa vie se poursuit entre des années d’emprisonnement et d’exil, réfugié dans divers pays, dont la France. Ses livres reflètent son engagement dans la défense des classes populaires opprimées. Ceux qui souffrent de la misère et l’injustice deviennent les héros de ses romans.
Les livres de Jorge Amado traduisent traduisent aussi l’amour qu’il porte à la vie, à la liberté, au Brésil, mais surtout à Bahia qui l’a vu naître. C’est dans la plantation de cacao que son père exploitait qu’il a pris conscience des croyances, des coutumes et des senteurs de sa cuisine d’origine africaine, mais aussi des dures conditions des travailleurs, les secrets du candomblé et de toutes les cérémonies des cultes africains introduits par les esclaves, mais qui suite à leur interdiction, et pour les cacher, ont procédé à l’assimilation de leurs Oxirás avec les Saints de la région catholique.
Beaucoup de livres de l’œuvre de Jorge Amado ont été traduits dans de nombreuses langues. Au Portugal aussi son influence dans les milieux intellectuels et militants (aussi à bras avec une dictature) a été très importante.
Voici une traduction livre d’un extrait du roman Mer Morte (Mar Morto) publié en 1936.
Dans cet extrait on y trouve Iémanjá, la déesse des eaux et de la mer, symbole de fécondité et de la splendeur de la nature. C’est aussi la mère de tous les anciens Oxirás (dieux) africains et que le peuple de Bahia associe à Marie. Mais contrairement à la douce mère de Jésus, Iémanjá, aux cinq noms, est exigeante, souvent cruelle, avec des crises de colère qu’il faut apaiser.
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Iémanjá est la maitresse du quai, des bateaux, de leur vie à tous, elle a cinq noms, des noms doux connus de tous, elle s’appelle Iémanjá, depuis toujours il en est ainsi et c’est celui-là son vrai nom, de maitresse des eaux, dame des océans. Cependant les canotiers aiment l’appeler Dona Janaína, et les noirs qui sont ses enfants préférés…. l’appellent Inaê ; les femmes des quais qui sont simples et courageuses, les femmes de mauvaise vie, les femmes mariées, les filles qui attendent un fiancé l’appellent Dona Marie, car Marie est un joli nom, c’est même le plus beau de tous, le plus vénéré.
… Il y eut un temps, les plus vieux s’en souviennent encore, où les fureurs d’Iemanjá étaient terribles. En ce temps-là elle ne voulait pas jouer, barques et les bateaux ne connaissaient de répit. Ils vivaient une vie de peines. Les tempêtes gonflaient la barre, soulevaient le fleuve par-dessus ses rives. En ce temps-là, même des enfants, même des jeunes filles furent emmenées en offrande à Iemanjá. Elle les entraînait jusqu’au fond des eaux et jamais plus les corps n’apparaissaient. Iemanjá était dans ses années effrayantes, elle ne voulait pas de cantiques, ni de chansons, ni de musique, ni de savonnettes, ni de peignes. Elle voulait des gens, des corps vivants. La colère de Iemanjá était redoutée. On lui emmena des enfants, on lui emmena des jeunes filles, une qui était aveugle s’est même offert, et s’en alla en souriant (elle irait voir, sans aucun doute, de belles choses !), une enfant pleurait la nuit où on l’emmenait et criait à sa mère, à son père qu’elle ne voulait pas mourir… ce fut aussi pendant la nuit de la fête de Iémanjá,….C’était une année terrible, l’hiver avait brisé la moitié des bateaux, et seulement quelques barques avaient résisté au vent du sud et la colère de Iemanjá ne passait toujours pas. Agostinho, le prêtre qui à cette époque célébrait la macumba pour la fête de Iemanjá, a dit que ce que Iemanjá voulait, c’était de la chair humaine…
Ils emmenèrent cette enfant parce qu’elle était la plus joli du quai. Elle ressemblait même à Janaíca, car elle avait les yeux bleus…… Tous entendaient les cris de l’enfant qui allait les yeux bandés. C’était une nuit de crime et le vieux Francisco quand il raconte cette histoire en tremble encore. La police vint à tout savoir, quelques-uns furent mis en prison. Agostinho s’est enfuit, la mère de l’enfant est devenue folle. C’est seulement alors que cessa la colère de Iémanjá. Sa fête fut interdite et pendant quelque temps elle a été remplacée para la procession du Bon Jésus des Navigateurs. Mais ces eaux appartenaient à Iémanjá, et peu de temps après sa fête réapparut.
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D’après Jorge Amado (Mer Morte)
Bonjour,
RépondreSupprimerUn petit passage sur ton joli blog.
+5
Bonne journée
Je découvre Jorge Amado il a un grand talent et j'admire son engagement pour les peuples opprimés, merci pour cet extrait de Mer Morte et de la déesse des eaux et de la mer, je vous souhaite un agréable week end :) amitié
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